Le Code Mondial d’Ethique du Tourisme a été imaginé comme « un recueil complet de principes pour guider les parties prenantes du développement du tourisme, » explique le site de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT).
Sa ratification n’est pas seulement symbolique, elle risque de devenir une obligation pour bien des entreprises du tourisme.
Et pourtant Huttopia, le spécialiste du camping et des villages vacances, qui se définit comme une « référence de l’écotourisme », est seulement la 2e entreprise du secteur du voyage à signer ce Code, après le Club Med !
RSE : le Code Mondial d’Ethique du Tourisme pour obtenir un prêt ?
« Pour pouvoir obtenir un taux privilégié sur un crédit, l’une de nos grandes banques nous demande de montrer patte blanche, ou plutôt verte, en termes de RSE.
Ils mandatent pour ceci un cabinet d’audit, bien connu, pour vérifier si nos actions sont bien « verte-ueuses« , » explique Philippe Bossanne, le fondateur d’Huttopia.
Si une simple attestation du Président d’Huttopia suffirait à montrer « main verte », l’entreprise qui gère plus de 90 sites dans 8 pays, s’y est toujours refusée. Et alors qu’Huttopia a « le respect de la nature et la sobriété dans son ADN, » depuis sa création en 1999, elle n’a jamais publié aucun rapport RSE.
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Car, estime le fondateur de l’entreprise, ces rapports se rapprochent plutôt d’une démarche de greenwashing que d’une volonté de s’engager dans une économie plus vertueuse. « Ce genre de démarches pour montrer qu’on est bien « vert » est plutôt la norme.
Les experts et auditeurs regardent plus la forme que le fond. Aidée de bonnes agences de communication, tout le monde sait que Total est l’entreprise la plus verte qui soit (ou Danone qui vend des emballages partout dans le monde).
J’ai toujours considéré que plus une entreprise avait un rapport RSE épais, plus elle avait à se faire pardonner, » poursuit Philippe Bossanne.
C’est sous ce prétexte qu’il ne s’est jamais engagé dans la production d’une expertise pour démonter la bonne foi de son entreprise.
RSE : la nouvelle directive CSRD va impacter le tourisme !
Sauf que le spécialiste de l’écotourisme, même s’il a refusé cette « mascarade » et n’a pas obtenu son prêt bonifié, n’a d’autre choix que de montrer patte blanche sur la RSE.
A partir du 1er janvier 2025, toutes les entreprises qui comptent plus de 250 salariés et ont réalisé plus de 40 M€ de chiffre d’affaires et 20 M€ de total de bilan devront se conformer à la nouvelle directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive).
Attention, les groupes de plus de 500 salariés sont concernés par une mise en place au 1er janvier 2024 !
Mais plutôt que de tomber dans cette machine à laver plus vert que vert, l’équipe dirigeante d’Huttopia se documente sur tout ce qu’elle fait de bien en matière de RSE.
« C’est dans ce cadre que Michel Durrieu a signé ce Code du Tourisme avec le Secrétaire Général de l’OMT. C’est aussi dans ce cadre que nous avons initié une collaboration avec Carbone4 et l’Ecole Centrale pour calculer nos émissions GES, » annonce Philippe Bossanne, le fondateur d’Huttopia, dans un post Linkedin.
Le Code Mondial d’Ethique du Tourisme est un texte qui pousse les entreprises signataires à s’engager à défendre et promouvoir les valeurs du développement touristique responsable et durable.
Et comme le rappelle Michel Durrieu, le PDG d’Huttopia, l’un des principaux objectifs du Code est de mettre l’accent sur les questions sociales, culturelles et économiques, en accordant une attention particulière aux droits de l’Homme, à l’inclusion sociale, à l’égalité des sexes, à l’accessibilité et à la protection des groupes vulnérables et des communautés d’accueil.
Pour aller plus loin, l’entreprise qui réalise 95 millions d’euros de chiffre d’affaires, a investi dans une Fintech pour faciliter la production de ses futurs rapports extra-financiers. Huttopia prévoit aussi l’ouverture de son premier camping 100% autonome en Californie.
Alors demain, tous signataires du Code Mondial d’Ethique du Tourisme ?
Sans doute pas, mais les grandes entreprises du tourisme n’auront d’autre choix que de s’engager dans un rapport RSE, même si cela ne leur parle pas vraiment.
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