La montagne est l’un des secteurs-clés pour le tourisme durable. Il est l’un des plus impactés, et parmi ceux qui peuvent apporter le plus de solutions innovantes. L’impact du tourisme en montagne est fort. Il a beaucoup à perdre à ne pas tenir compte des enjeux, et énormément à gagner à s’engager pleinement dans sa transformation.
Mais seul, sans information ni direction, on ne va pas bien loin. Fort de ce constat, Essentiem, le fonds de dotation pour projet touristique d’intérêt général, a décidé de lancer une série de formations pour les hébergeurs de haute ou moyenne montagne (sachant que le plancher des 800 mètres n’est pas indépassable).
À ses côtés, pour financer le projet, c’est Airbnb qui fait office de mécène principal. Le géant n’a pour autant pas mis de contrainte ou préalable à la typologie d’hébergeurs soutenus. Indépendants, responsables d’auberges de jeunesses, propriétaires de lieux atypiques, gîtes, stations d’altitude… Jusqu’à 1000 hébergeurs de montagne pourront assister aux modules en fonction de leurs besoins.
Lire aussi : L’Oasis des Hébergeurs Écolos, nouveau rendez-vous du tourisme durable
Quelles formations ?
En réalité, il ne s’agit pas d’une, mais de diverses formations Montagnes Durables, en fonction du niveau d’engagement et de transition de chacun, pour être à la fois apte à accompagner ceux qui débutent et propulser ceux qui sont plus avancés dans leur transition.
3 possibilités :
- Premier niveau : une demi-journée en présentiel sur site, pour aborder les différentes problématiques et poser les premiers jalons d’accompagnement. Un premier échange, aussi, avec d’autres professionnels qui font face aux mêmes enjeux. Pour connaître les prochaines sessions, direction le site d’Essentiem.
- Deuxième niveau : des formations en webinaire. Les professionnels auront l’occasion d’assister à 6 webinaires d’1h30 à 1h45 auprès d’experts du sujet et avec, là encore, d’autres professionnels. L’idée est de balayer de manière concrète mais aussi un peu plus intense les sujets abordés globalement en premier niveau.
- Troisième niveau : une formation sur-mesure en e-learning. Les apprenants sont maîtres de leur temps ! La formation comporte aussi des exercices et outils complémentaires pour aller plus loin encore. Ils auront accès à 13 modules de 45 minutes.
Les 4 fantastiques
Le but du dispositif, entièrement gratuit, est la sensibilisation et la formation des hébergeurs de montagne à la transition énergétique. La formation reste dans le concret, par exemple, en facilitant la préparation du diagnostic de performance énergétique (DPE), pour une bonne compréhension des pratiques, lacunes et points de progression à prioriser.
L’ambition : préparer les hébergeurs à prendre le virage d’une exploitation moins énergivore, plus économe à tout point de vue et plus durable dans tous les sens du terme.
Essentiem est accompagné de 4 partenaires qui feront les formations :
- ABCD Tourism anime des formations en présentiel dans les Pyrénées,
- Trajectoires Tourisme anime des formations en présentiel en Auvergne-Rhône Alpes
- Betterfly Tourism se charge à la fois de formations en présentiel sur certains massifs et des webinaires
- WeGoGreenR met en place les e-learnings
5 questions à Jean-Marie Hébert, directeur d’Essentiem
TourMaG – Les formations sont dédiées aux hébergeurs en montagne. Est-ce parce qu’il y a des enjeux plus importants ou, en tous cas, plus urgents qu’ailleurs ?
Jean-Marie Hébert : Les enjeux de la transition énergétique « clignotent » très fort en ce moment, parce qu’il faut être raccord avec les objectifs de la COP 21, depuis repris par le Gouvernement et faire de la montagne française un exemple vers les bonnes pratiques, responsables et durables. Aussi pour s’aligner avec les contraintes réglementaires et légales, notamment les notes de classement sur le DPE (Diagnostic de performance énergétique, ndlr) et les conséquences à venir en termes de vente, de location longue durée, etc. Ces incitations-obligations sont clairement mises en place pour amener les acteurs de l’hébergement vers ces bonnes pratiques ; avec les 2 horizons 2025 et 2028 qui annoncent des déclassements pour les biens qui ne seront pas « engagés » dans une dynamique de transition énergétique.
TourMaG – Pour les formations en présentiel, sont-elles complètes et pensez-vous en organiser d’autres en 2024 ?
Jean-Marie Hébert : Oui ! Elles ont commencé mi-octobre et nous prévoyons une jauge entre 15 et 25 pax maximum, pour garantir l’interaction, l’écoute des cas particuliers, les échanges en séance. Les 3 structures qui œuvrent sur ces sessions (Alpes du Nord, Massif Central, Pyrénées, Alpes du Sud) rencontrent un écho très fort avec les OT et les acteurs de territoire pour organiser ces séquences : ça va vite. Mais il reste quelques rendez-vous à bâtir : si des villages de montagnes, ou des stations d’altitude, ou des villes en entrée de vallée sont partantes, nous pouvons encore leur proposer des sessions. C’est maintenant que ça se joue !
Une aide financière à la rénovation énergétique des bâtis
TourMaG – Outre les formations, le dispositif compte aussi une partie « aide financière à la rénovation énergétique », pourriez-vous nous en dire plus ?
Jean-Marie Hébert : Ce programme est réservé aux hébergeurs qualifiés d’intérêt général : l’économie sociale et solidaire, des sites gérés par des collectivités, des lieux atypiques labellisés notamment en patrimoine remarquable d’intérêt général… Nous allons choisir 4 à 8 lieux d’hébergements touristiques à impact positif, pour les territoires de montagne et leurs habitants. Ce sera une aide financière directe à la rénovation du bâti. Les hébergeurs doivent nous parler du projet de rénovation énergétique, pièces à l’appui (des devis par exemple) pour témoigner de ce qu’ils souhaitent faire et nous nous réunissons ensuite en commission pour le choix. Attention il s’agit d’une aide, de 5 à 10 000 € et donc pas un financement total.
TourMaG – Quelle est la date limite pour envoyer son dossier pour cette aide, et à partir de quelle date pourront-ils envoyer leur dossier pour la prochaine session ?
Jean-Marie Hébert : C’est aussi d’hyper-actualité : nous préparons un 2e comité de sélection pour mi-novembre, donc nous allons accepter des dossiers d’hébergeurs ayant le caractère d’intérêt général – du type centre de vacances à visée sociale, refuge en gestion communale, ou auberge de jeunesse – jusqu’au 05 novembre. Les conditions et prérequis sont accessibles sur notre site et nous sommes joignables à l’adresse montagnesdurables@essentiem.org : c’est ouvert !
Un programme duplicable ?
TourMaG – S’il a du succès, souhaitez-vous dupliquer le parcours pour d’autres territoires ? Les hébergeurs de littoraux par exemple, qui ont aussi des enjeux spécifiques ?
Jean-Marie Hébert : Oui ! Nous avons désormais plus de 200 acteurs, hébergeurs professionnels mais aussi propriétaires et acteurs de l’ESS inscrits dans les formats de formation. Nous répondons clairement à une attente, le faire-savoir est décisif pour les toucher. L’idée de dépasser ce prisme de la montagne est en effet un possible pour nos actions futures : notre action d’intérêt général vise à aider à la prise de conscience et à l’action avec la filière tourisme, au bénéfice d’un plus grand respect de nos environnements naturels, de la limitation de nos diverses consommations (énergie, mais aussi fluides, déchets, etc.). Notre objectif concret est de décliner avec les acteurs notre vision d’un tourisme plus engagé sur ces questions.
0 commentaires