Le Black Friday n’a plus vraiment bonne presse en France.

Apparu au début des années 50 aux Etats-Unis, le vendredi noir, se tient tous les ans, chaque vendredi suivant la date aux États-Unis de la fête de Thanksgiving.

Une journée durant laquelle les entreprises proposent des rabais monstres. Un jour qui s’est transformé en un week-end, voire même une semaine en traversant l’Atlantique, puisque même un cyber monday a été créé pour rallonger un peu plus la fête de la surconsommation.

En 2021 au niveau mondial, le bilan du Black Friday s’établissait à 65 milliards de dollars (59 milliards d’euros), pour les e-commerçants.

S’il fait les bonnes affaires des marques et de quelques consommateurs, le Black Friday collectionne de plus en plus de détracteurs.

A l’image de Ferdinand Martinet, PDG de Chilowé.

« Aujourd’hui est un jour noir pour la planète. Ne cédez pas. Eteignez vos portables et vos ordis. Et comme l’équipe du Club Chilowé, fermez la boutique, » a t-il déclaré.

Black Friday : 1 milliard de colis sont envoyés chaque année en France

Pour protester contre un évènement qui détruit la planète, en raison d’une surconsommation et de livraisons de colis aux 4 coins du monde, la start-up a tout simplement mis son site internet en berne, durant la journée du vendredi 24 novembre 2023.

Les équipes ont relayé le message sur les réseaux sociaux, en guise de de protestation et de soutien à Chilowé.

« Phoque ! Parce que le black friday nous incite à la surconsommation avec des pubs à toute berzingue et des promos à gogo.

Phoque ! Parce qu’on nous prend pour des pigeons. Le jour du black friday, les prix sont parfois gonflés jusqu’à 50 % par rapport au mois précédent, » pouvons-nous lire sur le profil LinkedIn de Mathieu Pereira, le chef de produit de la start-up.

D’après l’ADEME, chaque année 1 milliard de colis sont envoyés en France. Et durant le Black Friday, le nombre de colis livrés est multiplié par 10 rien que sur Paris, passant de 200 000 à près de 2,5 millions par jour !

Pour mettre en perspective, l’activité de sotckage d’Amazon aurait généré en 2018 près de 55,8 millions de tonnes de gaz à effet de serre, soit l’équivalent des émissions du… Portugal.

Tout en sachant que depuis cette même année, le chiffre d’affaires de la multinationale est passé 232 milliards de dollars (212 milliards d’euros) à 519 milliards de dollars (469 milliards d’euros) en 2022.

« Le transport jusqu’au dernier kilomètre, c’est-à-dire la livraison à domicile, génère d’importants rejets de CO₂ : l’Ademe montre que 25 % des émissions en ville sont dues au transport de marchandises.

La surconsommation trouve son paroxysme au moment du Black Friday, mais c’est l’ensemble de la chaîne de production et de consommation de biens et de services qui est à remettre en cause, » expliquait le porte-parole d’Attac, pour nos confrères de Reporterre.

Une action qui a eu ses bienfaits, notamment médiatique pour Chilowé, mais aussi des conséquences financières.

Black Friday : Des milliers d’euros de pertes pour Chilowé

« Ecoutez, fermer le site a représenté un manque à gagner d’environ 5000 € pour la seule journée du vendredi. Mais ce que nous avons fait en équipe ce jour-là à une valeur infinie, » nous explique Ferdinand Martinet.

Tout d’abord les salariés ont repris d’un seul homme le message, mais se sont aussi retrouvés derrière les valeurs de l’entreprise. Au-delà de l’argent perdu, fédérer son staff est important, tout comme l’impact médiatique.

La prise de position a été relayée par plus de 70 personnes et a généré 400 000 impressions. Un coup de communication réussi, grâce à un message à contrepied, des autres acteurs de l’industrie touristique faisant pleuvoir des communiqués de presse, afin de mettre en avant leurs actions dans le cadre du Black Friday.

Chilowé : « Chez nous, pas d’avion, pas de greenwashing »

Après le lancement des voyages en 2021, en tant que tour-opérateur de la micro-aventure en France, Chilowé a mis en ligne un nouveau site entièrement dédié à la vente de ses expériences, dans le courant de l’année 2023.

Sur le « Club Chilowé », les internautes retrouvent une sélection d’activités et voyages sans avion, autour de la randonnée, observation de la faune et de la flore, du Trail, de l’escalade ou encore du ski de rando et de la permaculture.

En l’espace de deux ans, malgré le coronavirus, pas moins de 3 500 personnes ont vécu des aventures avec la start-up.

« Le Club Chilowé va bien. Nous allons faire un peu plus d’un million d’euros en 2023 de départs opérés. Soit +40% en nombre de départs par rapport 2022 et + 75% en termes de chiffre d’affaires par rapport à 2022.

Fidèles à notre mission du premier jour, nous proposons des voyages hors du commun à quelques heures de chez soi, tous accessibles en train, accompagnés par des guides locaux, en petits groupes et respectueux de l’environnement.

Chez nous, pas d’avion, pas de greenwashing, » affirme enthousiaste Ferdinand Martinet, le PDG de Chilowé.

Pour les fans de micro-aventure, bonne nouvelle, le site est à nouveau accessible.

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