Marseille a eu chaud les derniers étés.

Non seulement la ville, très minéralisée, est accablée par la chaleur, mais elle voit ses plages et rues surpeuplées de voyageurs attirés par les charmes de la cité phocéenne.

Le nombre de touristes est passé de 2,6 millions en 2011 à plus de 5 millions en… 2022.

Les croisiéristes tant décriés par la population et la mairie, n’y sont pas étrangers, puisque leur total a presque doublé en l’espace de 9 ans. Ils étaient 1,188 million à admirer Marseille depuis la mer en 2013, contre 2,5 millions en 2022.

Face à cette montée en puissance, d’un secteur représentant 7% de l’économie locale et 9,4% de la part de l’emploi salarié total de la ville, la mairie a décidé d’agir, pour ne pas voir les Marseillais étouffer, tout comme la ville, sa faune et sa flore.

« Le tourisme est une filière essentielle pour Marseille et son rayonnement, créatrice d’activité et d’emplois. Son développement peut toutefois parfois présenter des aspects moins positifs, en générant des nuisances pour les habitants, ou en restant concentré sur la saison estivale et sur certains quartiers, » a expliqué Laurent Lhardit, adjoint au Maire de Marseille.

Et pour travailler à un développement raisonné du tourisme, le pouvoir en place à élaborer une stratégie 2024-2030 baptisée « Marseille, destination durable et attractive.« 

Quel est le plan « Marseille, destination durable et attractive » ?

Et pour faire du tourisme un atout, mais aussi une activité économique adoubée par la population, l’adjoint au maire entend prendre un virage plus respectueux.

Cette transition ne peut se faire seule, elle doit emporter tout l’écosystème.

Les habitants sont impliqués à plusieurs niveaux. Tout d’abord grâce à l’initiative « l’Assemblée Citoyenne du Futur ». Ce projet mobilise 111 Marseillaises et Marseillais, tirés au sort après avoir manifesté leur intérêt pour intégrer cet outil de démocratie citoyenne.

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L’assemblée a identifié 4 axes d’amélioration pour la politique à venir de la ville : diminuer les nuisances des activités touristiques, augmenter l’accessibilité et diversifier l’offre d’hébergement, augmenter l’accessibilité de l’offre de loisirs et développer, mais aussi diversifier les transports sur le territoire.

Pour l’enjeu de la durabilité et de la mobilité, la mairie entend décarboner les transports des voyageurs en fléchant les trajets vers… le train. Pour cela, l’exécutif local veut que soit investigué par les pouvoirs en place le développement des trains de nuit et des lignes internationales à destination de la cité phocéenne.

« L’électrification des transports touristiques, comme des navires de croisières (à quai seulement) et la décarbonation de la flotte de cars de tourisme sont un impératif » fixe le plan.

Les croisiéristes sont attendus au tournant. Ils devront être plus transparents sur les données fournies aux autorités locales, comme le nombre de passagers descendant chaque année pour visiter la ville, mais aussi les relations avec les prestataires du territoire.

Marseille va devoir renforcer l’offre de transports en commun et les infrastructures permettant des mobilités douces et actives.

L’activité touristique représente tout de même 23 673 emplois directs. Ce n’est pas rien, mais le secteur peut faire mieux, notamment sur les postes qualifiés.

« Devenir une véritable destination durable, c’est aussi travailler à la qualité de l’emploi et des conditions de travail des salariés du secteur pour mieux vivre du tourisme. C’est aussi veiller à connecter les Marseillais aux opportunités de recrutement, favoriser la formation et l’insertion par les métiers du tourisme. »

Le social ne doit pas être oublié.

Marseille en toute saison et dans tous les… quartiers !

La 2e partie du plan consiste à désaisonnaliser l’activité touristique pour éviter l’engorgement estival.

Le tourisme d’affaires est imaginé comme un levier pour attirer plus de monde hors saison, tout en ciblant des domaines bien particuliers, comme des congrès scientifiques et médicaux, mais aussi des salons professionnels ciblés pour répondre aux exigences de Marseille 2030.

Pour mieux répartir les flux, les offres culturelles et touristiques doivent aussi être mieux connues des voyageurs. La cité de Zidane ne se résume pas seulement à son Vieux-Port, sa Bonne Mère et ses calanques.

Elle a beaucoup plus à offrir. Son savoir-faire artisanal, le tourisme industriel, les très nombreux événements et festivals, sans oublier la trépidante vie nocturne sont autant d’atouts, pour satisfaire le touriste moderne.

« Il s’agit d’aller au-devant des visiteurs pour leur proposer des offres alternatives et ainsi mieux réguler les flux touristiques en s’appuyant notamment sur la plateforme locale développée par l’Office de Tourisme, des Loisirs et des Congrès « Marseille Expérience », outil de positionnement des offres et de collaboration avec les acteurs locaux.

L’Office s’attachera, en outre, à mieux promouvoir la diversité des quartiers de Marseille au travers de ses publications (plans, guides, etc.) et de sa communication (site internet, médias sociaux, etc.) et à rendre plus visible l’offre culturelle et événementielle de proximité, tout au long de l’année, » poursuit la Mairie.

La Ville souhaite aussi s’affirmer comme une destination de « pleine nature » toute l’année. Une affirmation rendue possible grâce à son parc des calanques, ses 21 plages ou encore le Massif de l’étoile et l’île du Frioul.

Pour être plus verte, la collectivité va donc reverdir les espaces publics. Et ce n’est peu dire, qu’il y a un important travail à faire à ce niveau, mais aussi en végétalisant la ville.

Les plages et le littoral devront être plus accessibles aux touristes, mais aussi aux Marseillais. La sécurité est un point important, avec la création d’une brigade maritime municipale ou encore le déploiement de l’application gratuite Safer plage.

« Une nouvelle zone de baignade en centre-ville, au pied du Mucem. L’aménagement et l’équipement de la darse Est de l’esplanade du J4 permettra en effet d’ouvrir gratuitement et de manière sécurisée ce lieu à la baignade durant l’été.

Enfin, la Ville travaille à un accès plus large au littoral dans la moitié nord de Marseille et à un projet d’ensemble pour le littoral sud, englobant le Parc Borély et les plages du Prado, » poursuit le document.

Une Marseille pour les touristes… Marseillais !

Nous l’oublions souvent, le tourisme ce n’est pas que prendre l’avion et avaler des milliers de kilomètres.

Le tourisme à Marseille est avant tout une affaire de Marseillais.

« Il faut savoir que beaucoup de Marseillais ne partent pas en vacances. Il y a une expression à Marseille qui dit : « nous habitons en vacances ».

J’attire l’attention sur le fait que la ville est très fréquentée par les Marseillais l’été, il ne faut pas opposer les Marseillais et les visiteurs. La première manne financière estivale ce sont les habitants de la ville, dans les bars et restaurants, » nous expliquait sur TourMaG.com, Laurent Lhardit, adjoint au Maire de Marseille délégué au tourisme durable.

La mairie veut donc renforcer l’accessibilité des offres touristiques et de loisirs pour les habitants. Ils doivent les premiers ambassadeurs et prescripteurs de leur ville.

Non seulement l’Office de tourisme va devoir à l’avenir mieux prendre en compte les habitants dans sa communication et son offre de services, mais en plus elle sera en charge de créer un Pass dédié aux Marseillais pour (re)découvrir leur ville, sur le modèle des city pass.

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La programmation événementielle sera elle aussi étoffée.

Si l’offre hôtelière s’est particulièrement bien développée ces dernières années, il existe quelques angles morts. Pour y remédier, le pouvoir local souhaite développer une gamme alternative, comme les campings, auberges de jeunesse, nouveaux concepts hôteliers, hôtellerie haut de gamme, offre d’hébergement portée par les acteurs du tourisme social.

Il compte bien agir contre la prolifération des meublés touristiques afin d’éviter le développement d’un modèle « investisseur » privilégiant la mise en location saisonnière de logements.

« La ville veut créer un véritable observatoire du tourisme et de s’appuyer sur l’ensemble des acteurs – experts, chercheurs, professionnels, habitants, visiteurs, … – pour co-produire et partager de nouvelles données et connaissances.

Elle entend porter un programme d’innovation, de nouveaux services, de nouvelles offres, des initiatives. Un Lab d’innovation touristique sera mis en place à cette fin, en partenariat avec l’Office de Tourisme, des Loisirs et des Congrès et en lien avec les acteurs locaux de l’innovation et de l’accompagnement d’entreprise, » affirme le plan de développement du tourisme.

La Marseille de 2030 s’invente aujourd’hui…