Ça y est, le vif du sujet. Alors qu’Emmanuel Macron, encore candidat, avait annoncé que le second mandat « sera écologique ou ne sera pas », s’engageant à un « renouvellement complet », on attendait impatiemment ses annonces sur la crise environnementale.
Elles sont arrivées ce lundi 25 septembre, suite à la tenue du Conseil de planification écologique. Le Président de la République était accompagné de sa Première ministre Elisabeth Borne et de son secrétaire général à la planification écologique Antoine Peillon. Mais aussi de Christophe Béchu (ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires) et d’Agnès Pannier-Runacher (ministre de la Transition énergétique) entre autres.
Des annonces qui, si elles étaient attendues, se sont révélées plutôt timides, semblant ménager la chèvre et le chou. La « fin de l’abondance », et en même temps, une direction plutôt productiviste. Et beaucoup d’annonces, promettant d’autres annonces, plus concrètes, qui seront rendues publiques entre octobre et décembre 2023.
Les annonces étaient cependant intéressantes d’un point de vue tourisme, puisqu’elles concernaient pour beaucoup le transport.
Petit debrief.
Tout miser sur la voiture électrique
Il l’a dit, Emmanuel Macron « aime la bagnole ». L’une des annonces phares pour ce Plan de planification écologique : Des voitures électriques produites en France et en Europe, en leasing à 100 € / mois. Les modalités seront connues en novembre, et les premières locations pour 2024.
Plusieurs dizaines de milliers de modèles, indique le Conseil de planification écologique. Un chiffre qui, malheureusement, reste faible lorsqu’on le compare aux nombres de voitures en France. En effet, si l’on en croit les données statistiques officielles, « En 2022, 1,577 million de voitures particulières neuves ont été immatriculées en France et 5,321 millions de voitures particulières d’occasion ont été vendues ».
Au-delà de cette annonce, le Président a l’ambition de faire de la France un pôle industriel en matière de voiture électrique. Emmanuel Macron souhaite que la France produise un million de voitures électriques par an en 2027 et devienne exportatrice de batteries.
Rappelons que le transport compte pour 30 % des dépenses de gaz à effet de serre en France et que les 2/3 proviennent de véhicules particuliers.
Enfin, le Président de la République souhaite miser sur le télétravail et le covoiturage pour réduire la part de transport – et notamment en voiture – des salariés.
Plus de pouvoir en local et renforcement du rail
Autre annonce concernant les transports : 700 millions d’euros seront alloués en local pour la mise en place (déjà en cours) de 13 lignes RER métropolitaines.
L’ambition : remplacer la voiture par le transport en commun. Au total, ce sont 100 milliards d’euros que l’État souhaite investir dans les services express régionaux métropolitains.
Dommage que cette somme ne soit pas utilisée pour rénover et développer l’existant (notamment les TER), ou recruter pour de plus grandes amplitudes horaires, plutôt qu’à créer de nouvelles lignes… Et ne soient pas plutôt tournés vers les petites lignes périurbaines ou rurales, où le choix de transport est moindre qu’en métropole et où la voiture est souvent obligatoire.
Lex choix, la mise en pratique seront cependant ancrés en local. Emmanuel Macron a annoncé sa volonté de décentraliser les décisions pour être au plus près des besoins réels sur les différents territoires.
Quid de l’aérien dans la planification écologique ?
On l’a vu lors des derniers déplacements du président et notamment au Bourget, l’aérien est un sujet relativement sensible pour l’Élysée.
Pour ne pas risquer de polémique, Emmanuel Macron n’a pas vraiment abordé la question.
Un peu, tout de même, pour parler de décarboner l’avion.
Une croyance qui pour le moment n’a aucun fondement technologique concret – c’est dire si la phase industrielle n’est pas pour demain. Mais le Président de la République souhaite croire en une « écologie de progrès ».
Et s’il parle d’une « maîtrise de la demande » (sic) en matière de transport aérien, il préfère ne pas s’aventurer sur le terrain de la taxation du kérosène.
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L’énergie, la biodiversité et la sobriété
D’autres sujets peuvent être relevés pour les professionnels en général et pour le secteur du tourisme en particulier.
Outre les transports, le Conseil de planification écologique a aussi parlé énergie, promettant une sortie du charbon pour 2027. Quand on sait que celui-ci représente à peine 2 % du bouquet énergétique primaire, l’annonce peut sembler anecdotique. L’éolien en mer a cependant été évoqué et une loi sur la production devrait être présentée en décembre, pour une mise en action fin 2024.
Côté hébergement et rénovation, le Président souhaite tripler la production de pompes à chaleur – une ambition qui peut s’avérer difficile pour les logements les plus vieux et les plus modestes, mais il assure lancer en octobre « la finalisation de l’ensemble des mécanismes d’accompagnement pour la rénovation des logements en novembre ». La rénovation du bâti est un enjeu prioritaire qu’il souhaite être accompagné là aussi d’une politique de facilitation d’accès pour les plus modestes, évoquant un premier pas avec la prime Renov’
Enfin, il annonce en outre « un effort sur les prix » de l’électricité afin de la rendre soutenable à la fois pour la population et les entreprises dans un contexte inflationniste – on en saura plus d’ici la fin de l’année, à voir avec EDF.
Macron souhaite « une écologie à la française »
Quid de la biodiversité ? S’il évoque rapidement « un effondrement de notre biodiversité », le sujet ne semble pas être prioritaire : des annonces seront faites « dans les prochaines semaines », entre octobre et décembre. Le vivant – dont nous faisons partie – devrait pourtant être l’une des thématiques les plus importantes. À voir, donc, les futures annonces.
Globalement, la logique de ce qui semble être celle qu’Emmanuel Macron souhaite appeler « une écologie à la française » s’ancre dans une logique plutôt productiviste, qui détonne avec les appels à la sobriété du GIEC et des ONG et association environnementales et qui, donc, oublie un peu le vivant pour se concentrer sur la technologie.
Mais, si une future décarbonation peut être envisagée pour l’aérien, pourquoi ne pas agir dans l’urgence, dès maintenant ? Si agir sur les transports métropolitains est une bonne chose, les territoires ruraux aussi ont besoin du rail. S’il est nécessaire de remplacer le thermique par l’électrique, la production de voiture électrique pèse lourd sur l’environnement.
Solutions ou pansements, chacun choisira son camp.
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